Escape.game #2038

La planète Terre, en 2038.
Le réchauffement climatique rend la Terre invivable sur certaines parties du globe. Le déclin dramatique de la biodiversité commence à constituer une menace pour notre alimentation. Notre unique espoir de survie se trouve dorénavant dans le cosmos. Une expédition spatiale à bord du vaisseau Neo-Bios II s’apprête à explorer de nouvelles contrées cosmiques à la recherche de nouveaux mondes et s’aventure « là où aucun homme, là où personne, n’est jamais allé ».
Votre Droïde pilote a défini un plan de vol jusqu’à une planète potentiellement habitable : votre mission sera d’y faire atterrir le Neo-Bios II !

Après quelques brèves consignes de jeu, les membres de l’équipage nous sont présentés. Chacun est désigné par un matricule à quatre chiffres. Mais pas le temps de discuter, nous n’avons que 4,3 années stellaires pour réussir notre mission, soit environ 60 minutes terriennes !

Avant d’embarquer, il nous faut revêtir notre tenue de stellonaute. Un de nos coéquipiers semble nous avoir fait une blague, à moins que ce ne soit un bizutage : un cadenas a été posé sur le vestiaire ! Une première énigme façon Mastermind nous attend pour retrouver le code.

Chaque étape du voyage, depuis l’embarquement jusqu’à l’atterrissage, est une nouvelle épreuve pour les joueurs : observation, fouille avec déplacement d’éléments ou à la torche, déchiffrage de symboles, détermination de trajectoire, analyse spectrale d’un son, décodage de l’algorithme de Huffman, exploitation des codes couleurs RGB... Les énigmes sont variées, stimulantes, avec très peu de consignes, et réservent une progressivité dans le niveau.

Outre faire arriver le vaisseau à bon port, il faudra aussi démasquer le dangereux criminel qui s’est glissé incognito dans l’équipage...

Le scénario est très linéaire, avec une légère imbrication (un message du droïde trouvé en début de jeu est utile plus tard), les énigmes bloquent la progression. C’est un choix qui peut se justifier, mais si le jeu est exploité dans le cadre d’une formation de formateurs ou d’enseignants, il sera important de souligner lors du débriefing que ce n’est pas l’architecture type des escape games, qui ont plus souvent un scénario convergent, avec des énigmes en parallèle. Malgré cela on se prend au jeu, l’expérience est très réussie.

Stéphane Charlet, responsable techno-pédagogique du Pôle d’Appui Pédagogique du CNAM PACA, est l’auteur de cet escape game virtuel :

« Je suis conscient de la linéarité du jeu, d’une part parce que c’est mon premier escape game et d’autre part, je pense m’avoir naturellement bridé sur ce point de par l’outil numérique. Inconsciemment, je n’ai pas voulu m’embêter avec les embranchements. Effectivement, très tôt lors du débriefing, on aborde ce sujet et on le compare aux autres expériences d’escape game (salle immersive, jeu de plateau). »

Du point de vue technique, le choix de la simplicité n’enlève rien au gameplay très réussi. Pas d’extensions hormis une adaptation de notre Rush Hour, les voitures étant remplacées par des vaisseaux et autres objets spatiaux. La validation de chaque énigme se fait par l’intermédiaire d’une page Genially avec mot de passe.

La navigation a cependant pu poser quelques menus soucis aux joueurs : pas de retours en arrière prévus, et nécessité de tout recommencer en cas de rafraîchissement de la page. L’ajout de l’extension SIGNET pourrait facilement pallier ce problème.

Escape.game #2038 est un jeu virtuel conçu pour la formation, notamment pour un public jeune de 18 à 30 ans en insertion professionnelle.

« Le jeu a été suivi d’un débriefing, puis d’une nouvelle expérience immersive qui s’éloigne de l’escape game. Nos objectifs : faire émerger les compétences transverses, les appétences pour la résolution de problèmes, aborder quelques notions liées au numérique. Les participants repartent avec leurs retours (sondages, humeur, tests) faits sur Wooclap et distribués par publipostage ; ainsi qu’un OpenBadge de participation à l’évènement. »

L’escape game fait ainsi partie d’un parcours de formation plus vaste, nommé #2038 les métiers du numérique. Mais au fait, pourquoi 2038 ?

« On place nos expériences immersives à une demi-génération, c’est-à-dire dans un futur où les participants seront ancrés dans leur vie professionnelle, et où ils seront peut-être déjà parents ! »

Le jeu a aussi été proposé dans d’autres contextes avec des adultes, dans un objectif de teambuilding et de convivialité.

« Lors des Casse-Croûtes Ludiques du vendredi, moment partagé entre personnel du CNAM, le jeu a constitué un bon support pour créer du lien et redynamiser les équipes. L’objectif ici est différent : montrer et partager avec les équipes les projets sortants des pôles Innovation et Appui Pédagogique, tout en passant un bon moment. Un constat : les adultes ont eu beaucoup plus de mal à finir l’escape game que le public plus jeune ! »

Escape.game #2038 offre ainsi une excellente immersion grâce au scénario prenant, bien servi par les décors et les personnages (droïde compris). On a aussi plaisir à y dénicher des références issues des grands classiques de la SF dans les matricules, répliques et noms de code. Les contenus dédiés aux compétences numériques en font un jeu qui pourrait aussi être proposé à des élèves de Seconde en SNT.