(Ab)user de la réalité augmentée dans les escape games ?

Article écrit par : Patrice Nadam
Première mise en ligne le 9 novembre 2017
Mise à jour le 9 novembre 2017

Si l’effet est bien maîtrisé, la réalité augmentée a un côté magique qui fait toujours son effet. On peut abuser de cet effet waouh dans un escape game. Voici quelques exemples [1] d’énigmes qui exploitent la RA. Vous pouvez vous reporter à l’article Réalité augmentée : quel outil ? pour la présentation des outils cités ici.

Trouver le code ou le nom de chaîne

Pour pouvoir déclencher la réalité augmentée avec Aurasma / HP Reveal et Blippar, il est nécessaire de s’abonner à la "chaîne" de l’auteur, pour le premier, ou d’entrer un code fourni par le créateur de la RA, pour le second. Cette contrainte qui permet qu’un même déclencheur soit utilisé différemment en fonction de la chaîne ou du code entré, peut être détournée dans un escape game. En effet, le nom ou le code peut très bien être fourni par une ou plusieurs énigme(s) précédente(s).

La réalité augmentée est alors un peu comme un coffre virtuel qu’il faudra "ouvrir" pour obtenir le trésor.

Détourner l’identification

L’application Aurasma / HP Reveal sous iOs nécessite que l’utilisateur crée un compte afin de pouvoir s’abonner aux chaînes. Si cette obligation est un frein pour une utilisation en classe, dans un escape game cela n’est pas un problème car généralement les joueurs ne jouent pas avec leur matériel et leur compte... Le maître du jeu pourra préparer les appareils mobiles.

De plus, là encore, l’identifiant et le mot de passe du compte peuvent être le sujet d’une énigme, même si cela peut être délicat car les joueurs risquent de réutiliser ce compte après le jeu et parasiter les sessions suivantes.

Remarque : Avec l’ancienne version d’Aurasma / HP Reveal (celle encore présente sur les appareils sous Android), il est possible de lire un élément déclencheur sans être connecté à Internet. En effet, il suffit de l’avoir scanné une première fois et déclenché la réalité augmentée pour que cela fonctionne même sans la connexion. Cependant cela dépend de la taille de la mémoire cache de l’appareil et du poids du fichier téléchargé...)

Donner un indice

À la manière des QR-codes, on peut tout simplement utiliser la réalité augmentée pour donner un indice, l’effet waouh en plus, grâce à la superposition de l’indice sur le déclencheur. Cela marche avec Aurasma / HP Reveal, Blippar, Mirage Make, Augment.

La nature des indices peut être variée : images, vidéos, fichiers son, objets 3D. On peut, avec Aurasma / HP Reveal et Blippar, temporiser l’apparition des éléments et ainsi donner un coup de pouce différé sur l’indice, ou une série de coups de pouce successifs.

Réussir à superposer et à déclencher une vidéo grâce au scan de sa première image sur un document imprimé donne la sensation de donner vie à l’image et crée un effet magique !

Indice en 3D

Avec Augment et Blippar, on peut relativement facilement intégrer des objets en 3D. Ils peuvent être déplacer, tourner etc...

Ainsi, on peut cacher des indices (tout simplement des mots par exemple) sur l’une des faces du modèle 3D. Cela nécessite des compétences d’utilisation des logiciels 3D.

Vérifier un « puzzle »

Votre escape game propose le classement d’images ou la construction d’un puzzle dont le résultat n’est pas évocateur ? Il est très facile alors de créer une réalité augmentée qui vérifiera si l’ordre ou le puzzle est correct.

Attention cependant à bien tester votre RA car on ne maitrise pas les éléments réellement reconnus par l’application. Avec Aurasma / HP Reveal, en masquant partiellement le puzzle, on peut se rendre compte que plusieurs parties peuvent déclencher la RA, indépendamment du reste de l’élément déclencheur.

Compléter un document

L’intérêt de pouvoir superposer l’élément virtuel sur l’élément réel prédéfini (ce qui est l’essence même de la RA) permet d’envisager de compléter un document existant. Par exemple, on peut graduer les axes d’un graphique, ajouter un dessin, une légende. On peut aussi reconstituer des chiffres ou des lettres à la manière de la superposition à la lumière de papiers translucides. Aurasma / HP Reveal et Blippar sont parfaitement adaptés à cela et, dans une moindre mesure, Augment qui ne propose que des objets en 3D.

À l’inverse, on peut utiliser la RA pour cacher une partie d’un document afin de la mettre en évidence l’autre partie ou de révéler la solution. Par exemple, on peut réaliser un masque ou un cache qui viendra se superposer à une phrase et laissera apparaître les lettres à conserver. De la même façon, un masque sur un tableau focalisera l’attention sur un détail.

Compléter un objet réel

Dans la salle du jeu, on peut déposer des objets "réactifs", c’est-à-dire qui déclencheront une réalité augmentée. Cela peut être un logo, une inscription mais même la page d’un livre... On peut ainsi, comme pour un document papier, envisager de le compléter, de le cacher ou de déclencher l’apparition d’un indice nouveau.

Il faut penser cependant à identifier les objets "réactifs" ou, sinon, prévoir une fouille de la salle en scannant tous les objets à la manière d’une lampe UV pour révéler l’encre invisible.

Jouer avec l’interaction

On peut, avec Aurasma / HP Reveal et Blippar, ajouter des actions sur les éléments virtuels de la réalité augmentée. On peut ainsi faire diverses propositions aux joueurs qui suivront des parcours différents en fonction de leurs choix successifs. On retrouve ces choix multiples avec l’outil Metaverse.

En détournant ces parcours d’actions, il est possible de générer un digicode ou un cadenas virtuel [2].

Si les éléments virtuels sont transparents, on transforme alors un document en "papier interactif" à travers l’écran de son appareil mobile.

[1Les exemples ne sont pas (encore) illustrés pour des raisons de discrétion car ils appartiennent à des escape games non encore présentés à leur public.

[2Voir le principe de création du digicode virtuel.