Réalité augmentée : quel outil ?

Article écrit par : Patrice Nadam
Première mise en ligne le 1er novembre 2017

La réalité augmentée ou RA permet d’ajouter des éléments virtuels à notre environnement proche à travers l’écran d’un appareil (mobile de préférence). Trois grands principes définissent la RA [1] :

  • la combinaison entre le réel et le virtuel est transparente pour l’utilisateur ;
  • la superposition et l’interaction entre le virtuel et le réel s’effectuent en temps réel ;
  • les règles de perspective et de représentation en 3D sont respectées.

Si l’effet est bien maîtrisé, la réalité augmentée a un côté magique qui fait toujours son effet. Si, malheureusement, certains se contentent de cet effet waouh pour abuser de la RA sans justification dans leurs cours, ce côté magique est plutôt recherché dans un escape game. La réalité augmentée peut effectivement remplacer d’autres effets spéciaux plus difficiles à mettre en place (effets sonores, lumineux, fumigènes....)

Bien évidemment il ne s’agit pas ici d’utiliser simplement une application, un outil ou un objet dédié exploitant la réalité augmentée qu’on ne peut modifier, mais bien de pouvoir créer sa propre réalité augmentée afin de l’adapter et de l’intégrer dans son escape game [2]

Plusieurs outils existent et fonctionnent sur le même principe :

  • un service en ligne ou studio permet (après identification) de créer sa réalité augmentée,
  • une application gratuite en permet la lecture depuis un smartphone ou une tablette.

Ces outils ont leurs spécificités et sont plus ou moins faciles à utiliser. Le choix de l’outil dépendra de ce que l’on désire faire dans son escape game. Rien n’empêche cependant d’en utiliser plusieurs dans un même jeu et de diversifier l’exploitation de la réalité augmentée au cours d’une session.

Les critères de comparaison retenus sont les suivants :

  • La nature de l’élément déclencheur (marqueur spécifique, image, texte, objet réel...)
  • Le type d’élément virtuel possible (images, vidéos, sons, animations, objets 3D...)
  • Les possibilités d’interaction avec les éléments virtuels
  • La géolocalisation
  • Les possibilités et facilités de partage
  • La facilité de création

Aurasma / HP Reveal

En décembre 2017, Aurasma a changé de nom et s’appelle HP Reveal, mais l’application propose les mêmes fonctionnalités... pour l’instant.

Avec Aurasma, on crée des auras : une image, un texte ou un objet réel permet de déclencher l’apparition de l’élément virtuel qui vient se superposer au réel. Cet élément virtuel peut être une image, une vidéo ou un modèle en 3D [3] Il vous faudra un compte payant pour bénéficier de l’intégration de fichiers audio.

Il est possible de déclencher l’apparition de plusieurs éléments virtuels et de définir de nombreuses actions (depuis le service en ligne Aurasma Studio) : on peut faire apparaître ou disparaître un objet, l’afficher en plein écran, accéder à un site web, etc. Une reconnaissance peut être géolocalisée, ce qui fait que le déclenchement ne se fera qu’à un endroit précis.

Les réalisations peuvent être publiques ou privées. Les publiques sont répertoriées dans le moteur de recherche d’Aurasma, les privées n’y sont pas mentionnées : il faudra connaître le lien (par un QR-code) pour y accéder.

Il est nécessaire de s’abonner à la chaîne de l’auteur pour suivre ses productions. Cette contrainte permet d’éviter que n’importe quelle image déclenche n’importe quelle réaction... Depuis plus d’un an, l’utilisateur de l’application sous iOs devra créer un compte pour pouvoir suivre une chaîne, ce qui n’est toujours pas le cas avec les appareils sous Android.

La création depuis la plateforme en ligne Aurasma Studio est relativement facile. La "programmation" des actions n’est pas compliquée non plus, mais nécessite de la rigueur si on désire réaliser des comportements complexes ce qui est tout à fait possible avec Aurasma.

Le petit plus de cet outil est que l’application Aurasma permet non seulement la lecture de marqueurs, mais aussi la création de réalité augmentée simple (apparition d’une image ou d’une vidéo unique) directement depuis la tablette ou le téléphone.

Blippar

Blippar est comparable à Aurasma. On crée des Blipps depuis une plateforme en ligne, le blippbuilder. Le scan d’une image ou d’un objet réel déclenche l’apparition d’un ou plusieurs éléments virtuels : images, vidéos, liens internet, mais aussi fichiers audio et objets 3D (relativement facile à déposer sur la plateforme).

Pas de chaîne à laquelle s’abonner, mais, avec la version pour l’éducation de Blippar, il vous faudra entrer dans l’application un code (un seul à la fois) pour voir la réalité augmentée.

Les actions sont malheureusement réduites depuis la nouvelle version : on ne peut que déclencher une seule action par clic sur les éléments. En revanche, une ligne de temps permet de gérer finement certains événements (apparition, disparition, agrandissement, rotation...) et de créer ainsi des animations.

La présentation sous forme de scènes (à la manière d’un diaporama) facilite la programmation des actions. Les Blipps lus peuvent être mis en favoris dans l’application et se lancer sans le marqueur... mais l’association se fera automatiquement dès qu’on scannera de nouveau l’élément déclencheur.

Un projet Blippar peut être partagé entre utilisateurs pour travailler de façon collaborative. Il est également envisageable de créer de la RA directement par codage de script, mais... cela s’adresse à un autre public.

Mirage Make

Mirage Make [4] propose à partir d’un QR-code ou d’une image de déclencher l’affichage d’un texte, une image, d’un modèle 3D ou de lancer une vidéo un diaporama ou un son.

Ici, pas d’interaction ni de géolocalisation possible, mais Mirage Make permet de proposer un petit quiz associé.

Pour scanner il n’y a pas besoin de s’abonner à une chaîne ou d’entrer un code, puisque le marqueur déclenchera la réalité augmentée. Ce marqueur est identifiable et spécifique à Mirage Make, il est malheureusement impossible d’utiliser un objet réel ou une image d’un livre comme déclencheur.

Le positionnement de l’élément virtuel s’effectue par indication de coordonnées et d’angles, ce qui n’est pas très pratique. L’intégration des modèles 3D se fait en revanche relativement facilement.

Augment

Augment propose une version gratuite et complète pour l’éducation. Elle permet d’associer une image à un lien, une image, un gif animé ou un modèle 3D.

Les objets virtuels peuvent être manipulés, déplacés, agrandis, tournés... la présence du marqueur n’est pas indispensable.

Pas besoin de s’abonner à un compte [5] : la lecture du marqueur ou d’un qr-code suffit. Si le modèle est public, il peut alors être retrouvé par son nom dans le moteur de recherche de l’application.

La mise en ligne des modèles 3D est très facile.

Metaverse

Sorti en début d’année 2017, Metaverse est un outil bien différent des quatre autres. C’est un puissant exerciseur dont la part de réalité augmentée est, somme toute, réduite.

L’interface visuelle du studio en ligne permet de mettre en évidence les relations entre les différentes étapes de votre quiz. De nombreuses actions sont proposées et adaptées à l’utilisation des appareils mobiles (prise de photo, géolocalisation...). Les principales actions, notamment celles de question-réponse, restent simples à utiliser, mais dès que l’on va un peu plus loin dans la manipulation des données, on doit saisir du code...

L’utilisation de la RA par cette application a pour conséquence de vous imposer une position et une orientation, pas toujours confortable, de votre appareil mobile afin de voir et de répondre aux questions : dommage qu’on ne puisse pas paramétrer le positionnement précis du ’personnage’ virtuel qui pose les questions...

La géolocalisation permet de déclencher l’interaction en fonction du lieu, ce qui permet d’envisager de réaliser des chasses aux trésors.

Le prochain article (Ab)user de la réalité augmentée dans les escape games ? proposera des exemples d’utilisation de la RA dans vos énigmes et précisera l’application la plus adaptée dans chacun des cas.

[2Cependant on peut concevoir un scénario utilisant des applications RA comme une boussole, une mesure d’angle, de hauteur ou Google traduction. L’article ’Utilisations pédagogiques de la réalité augmentée’ donne quelques exemples de ces applications (en SVT).

[3Personnellement, je n’ai jamais réussi à obtenir de résultat concluant avec un modèle en 3D.

[4Mirage Make est en version béta : il est nécessaire de participer financièrement au projet pour pouvoir jouer les béta-testeurs

[5Les marqueurs sont donc partagés entre l’ensemble des utilisateurs.... ce qui fait qu’Augment peut vous refuser l’utilisation d’une image. Ce refus n’est pas lié à l’image proprement dite, mais aux éléments qui servent à la reconnaître.