Pya dans le Monde du Code

Pya, une ado de 15 ans, se retrouve perdue au sein du Monde du Code. Sa maîtrise des bases de Python l’aidera-t-elle à s’échapper ?

Dans cette histoire interactive, le lecteur-joueur est entraîné à la suite de Pya, aspirée par un antique ordinateur. Au sein d’un monde numérique étrange et merveilleux, des épreuves lui sont assignées pour retrouver le chemin vers la réalité.

Une histoire informagique

Perdue dans la région du Microprocesseur, Pya reçoit un mail d’un mystérieux Algoriddle Bool, DataDruide en chef. Un coffre magico-numérique se matérialise près d’elle. Pour l’ouvrir, Pya doit savoir reconnaître les types de données dans Python (entier, chaîne de caractères, booléen, float) ; des indices parsemés dans le mail l’aident à résoudre cette première énigme. Le coffre ouvert révèle des objets qui seront peut-être utiles lors de la quête : un mini-drone et une disquette.

Le second chapitre réserve deux épreuves, au cours desquelles Pya rencontre un Bug enchaîné et doit franchir un périlleux pont. L’occasion pour la jeune fille de montrer toutes ses compétences à démêler les chaînes de caractères, ce qui lui permet de gagner des lunettes de réalité augmentée. Celles-ci lui seront d’une grande aide pour franchir le pont en effectuant des calculs avec différents opérateurs.

Le troisième et dernier chapitre est celui de la rencontre avec les DataDruides. Grâce à son drone, Pya déambule avec assurance dans un labyrinthe de boucles For [1]. Quand enfin elle parvient jusqu’au cercle des magiciens, elle accède à la connaissance recelée dans la disquette. Désormais capable d’affronter le grand Algoriddle, l’ado parvient au Disque Dur pour l’épreuve de vérité : une série de propositions booléennes... Alors, True or False ?

La victoire lui permet enfin de se réveiller chez elle... Mais était-ce vraiment un rêve ?

Aux origines de l’histoire

L’idée d’une histoire dont vous êtes le héros permettant de réviser les bases de Python, destinée à mes élèves de SNT, traînait depuis un certain temps dans mon esprit. J’avais déjà tenté l’exercice en SVT avec Ramо́n le Carbone, qui fait vivre l’aventure d’un atome de carbone pris dans un cycle infernal. J’avais utilisé Moiki, qui offre aux lecteurs une prise en main extrêmement simple, notamment avec un smartphone — une ergonomie testée et approuvée par mes lycéens.

Il me manquait cependant du temps et de l’inspiration pour mettre en œuvre ce projet. Si je savais très bien quelles notions seraient abordées, je n’arrivais pas à me fixer sur la trame d’une histoire comme je les aime, mêlant sciences et sens épique, et susceptible d’intéresser des ados de 15 ans.

C’est à l’occasion de recherches sur l’intelligence artificielle et ses possibilités créatrices — recherches qui ont abouti à une série d’articles co-écrits avec Patrice Nadam : L’IA & les escape games — que je me suis décidée à me doter de deux assistants personnels en création pédagogico-ludique : ChatGPT4 et Bing Image Creator.

L’IA contre la page blanche

En m’aidant des tests réalisés précédemment et synthétisés dans l’infographie L’art du prompt ludopédagogique, j’ai proposé ce prompt à ChatGPT... Et le résultat m’a bluffée.

L’histoire proposée, déclinée en plusieurs chapitres, m’a immédiatement plu ! Grâce à la dernière instruction de mon prompt, le chatbot fournit aussi la trame de l’histoire dans un format qu’il m’a suffi de copier-coller dans l’interface de Mermaid pour obtenir un organigramme : de quoi faciliter l’étape suivante d’écriture.

Pour être efficace, je me décidai à coller le plus possible au schéma élaboré par l’IA, en renommant tout de même le personnage en Pya, plus joli. L’histoire proposée par ChatGPT est assez linéaire, mais cela est facilement améliorable en jouant sur les chemins et demi-tours possibles, ainsi que sur la collecte d’objets nécessaires à certains passages.

L’écriture des différentes séquences a été assez facile : en prenant comme guide le scénario proposé, mon imagination s’est débloquée, et j’ai réussi à tisser l’histoire interactive que je recherchais. Quand je butais sur des idées, comme des lieux, des noms, des éléments des énigmes liées à Python, l’IA me soumettait des propositions dans lesquelles je pouvais piocher à ma guise.

Consulter l’intégralité de la conversation avec ChatGPT.

Il est arrivé que le chatbot ne me propose rien qui me plaise, ou que ses propositions soient incohérentes ou trop difficiles pour le niveau attendu. J’ai ainsi modifié l’énigme des chaînes de caractères, incompréhensible, et Pya s’est finalement retrouvée face au Bug de l’An 2000. Plutôt qu’une clé USB, l’héroïne entre en possession d’une disquette dont elle n’a aucune idée de la fonction [2]... Pas sûre que l’IA en comprenne la petite touche d’humour !

Un univers visuel créé avec l’IA

Au-delà des textes, l’histoire est enrichie d’images et de sons qui favorisent l’immersion. Moi-même, pour écrire, j’ai besoin de visualiser les personnages et les lieux. Pour cela, au fil de l’écriture, j’ai exploité une IA gratuite et puissante : Bing Image Creator.

La recherche pour Pya est passée par plusieurs stades : environnement, style de dessin (anime, cartoon...), accessoires.

Une fois décidée sur le style cartoon et l’allure de mon héroïne, ma crainte était de ne pas réussir à conserver ces caractéristiques pour les différentes positions nécessaires (de dos, de profil, avec des lunettes VR, assise...). Il m’a fallu affiner mes prompts, et à mon grand étonnement cela a plutôt bien fonctionné — en n’étant pas trop regardante sur la couleur du sac à dos de Pya, la longueur de ses cheveux ou son nombre de doigts [3].

La création des décors a suivi le même process, et il a juste fallu un peu de détourage et de montage très simple avec PowerPoint pour que Pya prenne vie dans le Monde du Code.

C’est Moiki finalise

J’aurais pu faire un autre choix que Moiki pour élaborer cette histoire. ChatGPT est capable d’écrire du code pour Twine par exemple : il suffit alors de copier les propositions du chatbot et de les coller dans l’interface, et éventuellement d’étoffer soi-même au fil de son imagination.

J’ai cependant un profond coup de cœur et une véritable préférence pour Moiki [4]. Les fonctionnalités de cet outil gratuit et en ligne, qui ne nécessite pas de savoir coder, permettent de détourner les choix et mots de passe de l’histoire interactive en quiz et en énigmes pédagogiques. Je me suis amusée à construire chacune des cinq épreuves de manière différente, en cohérence avec le scénario : question à choix multiples pour le coffre, mots de passe en parallèle avec compteur de points pour les chaînes, codes chiffrés successifs pour le passage du pont, dédale de choix de directions pour le labyrinthe, séries de questions façon millionnaire (une erreur fait revenir au début d’une nouvelle série) pour le final.

Voir la structure complète de l’histoire en lecture seule.

L’immersion avec Moiki passe aussi par les boucles et effets sonores issus de la banque Freesound, les thèmes (couleur de fond, police...) que l’on peut faire varier le long de l’histoire, les héros que l’on rencontre et les objets et badges qui viennent compléter un inventaire.

Cette expérience me laisse un très bon souvenir : loin des craintes que l’on peut entendre, l’IA a boosté ma créativité et m’a permis de gagner un temps précieux me permettant de me concentrer sur le contenu pédagogique de l’histoire — les énigmes en Python et leur variété. Les élèves ont bien accueilli l’histoire, la plupart sont allés au bout en s’entraidant en une vingtaine de minutes, ce qui a constitué des révisions ludiques et efficaces en classe et toujours accessibles.

Et ensuite ? Je réfléchis à un second épisode des aventures de Pya... J’en parlerai à ChatGPT !