2021, l’odyssée de l’espèce

Article écrit par : Mélanie Fenaert
Première mise en ligne le 2 août 2022

L’évolution.
Phénomène complexe connu de tous et nié par certains.
Afin d’effleurer la complexité des événements qui ont permis l’apparition d’êtres vivants aussi variés que les Trilobites, les Dinosaures et les Élèves de troisième, vous allez explorer divers lieux et époques d’un passé reculé.

Dès la quatrième de couverture, le cadre est posé, le ton aussi. Édouard Chuto, professeur de SVT, embarque sans ménagement le lecteur dans son univers déjanté, où chaque phrase ou presque est prétexte au choix à une blague potache, une notion de SVT ou… la mort. On peut d’ailleurs mourir pas moins de 44 fois, sur les 185 chapitres que compte cette quête pour la survie et l’évolution.

Couverture du livre

2021, l’odyssée de l’espèce est résolument un livre dont vous êtes le héros qui emprunte au genre la plupart des mécanismes : choix d’actions bien sûr, mais aussi inventaire d’objets (cuisse d’iguanodon, fragment d’hématite, main coupée…), et combats à l’issue incertaine à mener à l’aide d’un dé. Sans oublier les deux compagnons de l’aventure : une IA pas très bienveillante, et un narrateur briseur de mur (le quatrième), parfois agaçant (très), notamment quand il abuse (beaucoup) des apartés (entre parenthèses).

Une fois le ton potache assimilé et accepté, le récit vous emporte réellement, et pas seulement si vous êtes comme moi prof de SVT. Vous incarnez successivement une cellule nommée LUCA [1], un Trilobite, un Pachycephalosaurus, une célèbre Australopithèque, un Homo sapiens, et le stade ultime de l’évolution… Une complexification des formes vivantes qui va de pair avec une densification des ramifications du récit, assurant une certaine rejouabilité à l’ouvrage.

La narration mêle avec beaucoup d’habileté la loufoquerie des situations, les combats épiques [2] et les notions liées à l’évolution et au programme de Troisième : temps géologiques, volcanologie, génétique, phylogénie, reproduction sexuée ou asexuée, explosion cambrienne [3], lignée humaine, extinctions… avec une pincée de Mathématiques histoire de faire un peu de calcul mental. Un glossaire en fin d’ouvrage permet de retrouver toutes les notions importantes abordées, et on apprécie le final reliant la mécanique de jeu liée aux dés à l’un des deux grands moteurs de l’évolution : le hasard.

Ce récit épique ne s’adresse pas qu’aux élèves de Troisième, même si ceux-ci en sont en partie les héros, ni qu’aux professeurs de SVT amateurs de références SF et de blagues de Les Nuls. 2021, l’odyssée de l’espèce est un excellent livre-jeu de loisir et culturel à mettre entre toutes les mains.

[1Si justement vous n’êtes pas très SVT, je vous laisse la découvrir.

[2Mention spéciale au combat au dé contre le mammouth et au boss de fin.

[3En tant que professeure de SVT reloue, je signale d’ailleurs une coquille sur le nom du terrible prédateur Anomalocaris... Ah, on m’indique dans l’oreillette qu’elle a été corrigée sur les dernières éditions de l’ouvrage, ouf.

2021, l’odyssée de l’espèce, édition Édouard Chuto, ISBN 979-10-699-7291-9, 9.99€ . Diffusion sur Amazon et par l’auteur.